Comment vous dire à quel point je suis triste aujourd’hui.
Ousmane Sonko a été dans le coma en août dernier. Aujourd’hui, nous apprenons que depuis 48 heures, il est dans un état catastrophique: fièvre à 40 degrés avec frissons et vomissements, pertes de connaissance nécessitant des soins de réanimation, délirium.
Quand je vois ce qui arrive à Ousmane, deux vérités indiscutables s’imposent à moi: d’abord, que le premier devoir d’un révolutionnaire, c’est de rester en vie. Et puis, et c’est celle-là qui me blesse le plus, c’est que nous ne savons pas protéger nos leaders et nos héros.
On fait comme si on a appris de l’histoire, on fait comme si jamais plus on ne tolérera l’élimination de nos leaders, mais en réalité, ce n’est que du vent!
On arrête Kemi Seba, on l’empêche de voyager et on le dénigre à longueur de journée. Yako!
On coupe le salaire de Franklin Nyamsi, on le chicane à l’aéroport et on lui refuse son passeport. Yako!
On expulse Nathalie Yamb, on ferme ses comptes bancaires et on charge l’armée française de la faire taire. Yako!
On colle des procédures judiciaires farfelues dans les dents de Ousmane Sonko, on le retient en otage avec toute sa famille et on le pousse à une grève de la faim? Yako!
Alors oui, ce sont Macky Sall, Amadou Ba, Aïssata Tall Sall, Antoine Diome et leur administration qui vont tuer Ousmane Sonko. Mais tous ceux et toutes celles qui se seront tus, qui seront restés chez eux, qui auront continué à vaquer tranquillement à leurs occupations et qui les auront regardé ôter la vie d’un homme qui a eu la faiblesse de vouloir un Sénégal émancipé sont leurs complices.
Et même si Ousmane Sonko arrivait par extraordinaire à survivre à cette tentative de l’éliminer, les séquelles sur le plan médical seront sans doute irréversibles.
Ce soir, je me demande vraiment si cela sert à quelque chose de sacrifier sa vie, sa famille, son confort, sa sécurité, pour lutter pour une Afrique libre.
Je suis meurtrie.
Nathalie Yamb